jueves, 13 de enero de 2011

L'HOMME ET LA MER



¡Hombre libre, siempre adorarás el mar!
Es tu espejo el mar; tu contemplas tu alma
en el vaiven sin fin de su oleaje,
Y tu espíritu no es un abismo menos amargo.

Te complaces sumergiéndote en el seno de tu imagen;
La acaricias con ojos y brazos, tu corazón
se distrae algunas veces de su propia cancion
al escuchar la suya indomable y salvaje.

Ambos sois tenebrosos y discretos:
hombre, nadie ha sondeado el fondo de tus abismos,
¡oh, mar, nadie conoce tus tesoros íntimos,
con tan celoso afan  callais vuestros secretos!

Y en tanto he aquí los siglos innumerables
en que os combatís sin piedad ni remordimiento,
de tal modo amais la lucha encarnizada y la muerte,
¡oh eternos combatientes, oh hermanos implacables!
                          
  de Charles BAUDELAIRE recueil : Les fleurs du mal



L'Homme et la Mer
Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais a plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets;
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, O frères implacables!

de Charles BAUDELAIRE recueil : Les fleurs du mal
  

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